Lorsque nous présentons un nouveau ministère, ou bien lorsque nous voulons reconnaître son autorité dans son appel, nous avons coutume d’affirmer que tel ministère est couvert par tel autre ministère. Mais si par malheur, tel autre ministère n’a aucune « couverture », et même s’il nous est recommandé, nous restons sur nos gardes et ne lui accordons pas notre confiance. Une telle attitude peut paraître sage, mais…ne sommes nous pas parfois radicaux, au point de nous priver de la bénédiction de ce serviteur ? Mais qu’est-ce que la couverture d’un ministère ? Il nous arrive d’employer des concepts sans parfois leur en donner un contenu biblique. C’est ainsi que bien souvent, nous ignorons de quoi nous parlons et sans nous en rendre compte nous véhiculons des mots et donc des valeurs qui passent à côté du message évangélique, et peut faire ombrage à notre témoignage.
Nous allons donc tenter d’analyser à la lumière des Ecritures, le principe de la couverture dans l’Eglise, et par conséquent, de la place de l’autorité qui légitime une personne ou un ministère. Autorité, couverture ; ces mots si porteurs de sens et…de contresens, sont pourtant indispensables si nous voulons comprendre leur place et leur fonction essentielle pour l’avancement du Royaume de D.ieu.
Dans notre langage, la couverture est d’abord ce qui nous protège, ce qui nous « couvre », dans le sens commun du terme. Or ce qui nous protège, appelle forcément une autorité supérieure à la nôtre, et fait référence à une autorité plus grande, plus efficace que la nôtre. Couvrir une personne ou l’action d’une personne signifie qu’on se porte garant pour elle, et par là, nous la protégeons et nous reconnaissons une légitimité ; à son action par exemple. La couverture apporte donc une légitimité à l’existence d’une personne, d’une fonction, d’une œuvre ou même d’une nation. Tous ces principes de reconnaissance, de légalité, d’acte d’autorité sur une personne avec qui on fait alliance sont si essentiels à notre existence, que nous ne pouvons ignorer leur rôle dans les relations entre les personnes, les ministères et les églises, au sein de la famille de D.ieu. La Bible nous apprend que ces principes viennent de D.ieu et, s’ils sont bien appliqués, ils sont approuvés par D.ieu. De même, toute société humaine qui veut fonctionner de façon cohérente applique ce principe de couverture. Dans nos société démocratiques, la couverture fait appel à la fois aux compétences reconnues, et à la délégation de pouvoir, élue démocratiquement, afin d’éviter au maximum tout abus de pouvoir. La société humaine a mis au point à travers l’histoire un système pyramidal de répartition des pouvoirs où chacun est couvert par quelqu’un qui lui est supérieur, et il couvre à son tour, celui qui lui est soumis. Ce système peut vite devenir tyrannique, s’il est au service d’un dictateur ! C’est ce système que la Bible dénonce, car l’esprit qui le guide, cherche à bâtir une société universelle à l’image de la Tour de Babel, avec un seul système économique, un seul système religieux, où chacun sera « marqué » sur la paume de la main, et par conséquent aura la marque de l’appartenance au système. Ce sera la « couverture » du prince qui gouvernera ce monde, et dont nous parle les Ecritures, à la fin des temps..
Cependant, s’il est juste d’affirmer (Ephésiens 3,14) que D.ieu est un Dieu d’ordre et c’est Lui qui a créé les autorités qui ont chacune leur place et leur fonction (dans le monde spirituel comme sur la Terre);il serait évidemment dangereux d’appliquer ce système babylonien au fonctionnement de l’Eglise, même si hélas, ce fut le cas dans l’histoire !
Pourquoi donc, un tel système est inhérent au message évangélique du Royaume de D. ieu, et ne peut s’appliquer à l’Eglise de Jésus-Christ sur Terre ?
Par le sacrifice de Jésus à Golgotha, qui s’est donné librement pour nous racheter de la malédiction du péché et de la mort, au moyen de l’alliance de Son Sang versé à la Croix, Satan a été publiquement destitué de son pouvoir et par conséquent de son autorité. Désormais, il n’est plus le prince légitime de ce monde. Le Seigneur Jésus, en couvrant nos iniquités par Son Sang, nous a délivré de l’Accusateur des frères, car Il nous a racheté au moyen de Sa mort à la Croix.
Autrement dit, par Son sacrifice, nous sommes « couverts » par son Sang précieux : nous qui recevons cette couverture, par la foi en Son œuvre rédemptrice et de plus nous le confessons publiquement devant les autorités et principautés spirituelles qui ne peuvent que se soumettre à leur tour devant l’autorité souveraine de Christ, dans les Cieux.
Il est essentiel de comprendre cela pour la suite de notre étude, même si Satan continue à régner, bien que destitué et revêtu d’une fausse autorité.
Maintenant, Jésus est assis à la Droite du Père, et par sa place d’autorité, il a reçu du Père le St Esprit qu’Il nous transmet. De plus, il intercède sans cesse en notre faveur.
C’est ainsi qu’au moyen de la présence du St Esprit avec nous et de la manifestation de Sa puissance, nous devenons Son Corps vivant sur la Terre, et nous régnons avec Lui. Couverts pas Son Sang, nous ne sommes plus sous l’accusation de l’Adversaire, et désormais nous appartenons à Jésus. Bien plus encore; nous sommes « couverts » par le témoignage du St Esprit qui agit en nous au moyen des dons et de notre obéissance.
Autrement dit, depuis que Jésus est à la droite du Père, nous sommes appelés à régner avec Lui sur la Terre, en exerçant notre « sacrificature royale « (1 Pierre 2,9). Ainsi, tout ce que nous lions sur la Terre est lié dans le Ciel, et tout ce que nous délions sur la Terre est délié dans le ciel (Matthieu 16,19). Notre autorité est d’abord d’ordre spirituel, c’est pourquoi notre combat ne peut être de nature sociale, politique ou charnelle, mais il est véritablement de nature spirituelle. De plus, nous pouvons user de l’autorité de son Nom, car nous lui appartenons. Nos paroles libèrent aussi une autorité parce que nous les «couvrons» du Nom puissant de Jésus. Cela signifie que nous n’agissons pas en notre nom propre (par le pouvoir quelconque de notre personne), mais sous la couverture (donc l’autorité, la légitimité) de Son nom. Car il existe un principe dans les Ecritures, qui veut que le nom révèle la fonction. Or, la fonction désigne forcément l’autorité légitime et le pouvoir. Ici il s’agit de Jésus, notre Souverain Sacrificateur dont le Nom est au dessus de toute chose sur la Terre comme dans le Ciel (Hébreu 9 et Philippiens 2,6).
En tant que disciples de Jésus-Christ, nous sommes déjà « couverts », car nous lui appartenons personnellement. Il connaît chacune de ses brebis et chacune d’elles a une relation intime, vivante, au moyen du St Esprit qui agit à travers chacune d’elle (Jean10).
La couverture est par conséquent, une loi spirituelle, essentielle, qui fonctionne puissamment :
– pour notre rédemption : avec le Sang de Jésus.
– pour notre témoignage (donc notre obéissance) : avec le St Esprit en nous et sa puissance.
– pour nos paroles : avec le Nom de Jésus
Ces « couvertures » sont indispensables pour que nous puissions suivre Jésus, et accomplir son œuvre en Son nom, afin de faire avancer le Royaume de D.ieu dans le coeur et la vie des gens jusqu’à ce qu’Il revienne. Ceci signifie qu’en tant qu’enfant du Royaume, nous sommes « mandatés » par le Seigneur pour être ses ambassadeurs sur Terre (1 Corinthiens 5). Autrement dit, que nous avons l’autorité, et donc le pouvoir de le représenter. C’est là, le cœur de notre témoignage et c’est bien là notre gloire de le représenter en manifestant son caractère dans nos vies, au moyen d’une totale obéissance à Lui !
Le mandat nous a été donné par Jésus, alors ressuscité, au moment où il a quitté ses disciples pour rejoindre le Père afin de nous envoyer le Consolateur (Matthieu 28,19) : « Allez, faites des nations des disciples, enseignez-leur… »
Donc après qu’ils aient été couverts par la puissance du St Esprit, les apôtres se sont répandus dans le monde, pour évangéliser. Ils ont ainsi amené une multitude d’homme et de femmes à se tourner vers Jésus pour devenir à leur tour des disciples.
En fondant des assemblées, les premiers apôtres, n’ont nullement cherché à créer des institutions ecclésiales comme ce fut le cas deux siècles plus tard, en voulant copier le modèle de la synagogue. Ils ont cherché à créer des lieux de vie communautaires comme ils l’avaient vécu avec Jésus pendant trois ans. Ils ont recherché l’atmosphère familiale que Jésus avait créée avec ses disciples, ayant constamment devant eux, l’Envoyé (apostolos) du Père qui ne faisait que ce que le Père Céleste lui montrait. Jésus était l’image du Père sur la Terre, et il ne cessait de communiquer, par ses paroles et son attitude, le caractère et le cœur du Père. Par conséquent, lorsque les premiers apôtres ont fait des disciples, ils n’ont pas cherché autre chose que de créer des lieux de vie et des communautés de vie qui permettraient aux jeunes convertis de vivre ce qu’ils avaient vécu avec Jésus : susciter par la communion du St Esprit une atmosphère à la fois fraternelle et sainte qui permettait aux jeunes convertis de grandir à la ressemblance de Jésus. L’apôtre, comme le montre Paul dans ses écrits, étant mandaté par le Père, était le modèle vivant du Père que les jeunes chrétiens avaient besoin pour croître. C’est en tant que père que l’apôtre Paul écrit à ses enfants spirituels dont il « ressent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ soit formé en eux » ( Galates 4,19). Paul est conscient qu’il est leur référant sans lequel ses fils et ses filles ne seraient jamais venus au Seigneur. Il a donc le droit et l’autorité de les reprendre, de les corriger, de les encourager, de les consoler, exactement comme le ferait un vrai père « naturel » pour protéger ses enfants qu’il désire « couvrir » de son amour, jusqu’à donner sa vie pour eux si cela est nécessaire… comme notre Père céleste a donné sa vie pour nous, à travers le Fils, qui en est le modèle parfait. C’est ce modèle parfait ; son Fils bien aimé, que le Père nous a envoyé, pour notre rédemption, en nous « couvrant » de Son Sang !
Avec le modèle de Jésus, des premiers apôtres, puis de tous les vrais apôtres à travers les siècles, qui ont donné leur vie pour leurs enfants spirituels, nous avons le témoignage merveilleux de ce qu’est un vrai envoyé (un vrai apôtre). C’est un serviteur qui porte en lui le cœur du Père. Il le manifeste non seulement par la compassion pour les âmes perdues, à cause de son cœur de père, mais plus encore, en donnant sa vie (jusqu’à la perdre s’il le faut !) pour ses enfants qu’il a engendré. Il ne peut pas faire autrement que communier aux souffrances du Père (Philippiens 3,10), par ses jeûnes, ses supplications dans la prière et ses larmes, afin que « Christ soit formé au travers de ses fils et de ses filles » . A la lumière de la grâce qui nous est accordée en Jésus-Christ, et du Nouveau Testament tout entier, la couverture de tout enfant de D.ieu est fondamentalement liée à l’amour parfait du Père qui agit en nous, et nous rend capable, en tant que père spirituel de « couvrir une multitude de péchés dans la vie de nos enfants spirituels ».
Nous avons, dans le modèle de Jésus, ce qu’est la couverture dans l’Eglise. Elle ne peut se manifester, qu’à travers le père spirituel qui nous a engendré pour nous conduire à Jésus. Lui seul est capable de nous aimer jusqu’à donner sa vie s’il le faut, pour nous amener à la ressemblance de Christ. Seul notre père spirituel, (ou celui qui est capable de nous aimer « comme » notre véritable père spirituel), peut exercer sur nous, une véritable autorité. Une véritable ascendance parce qu’il est à nos yeux, le modèle d’un vrai père qui est à l’image de notre Père Céleste. Par son autorité et son témoignage, il nous pousse sans cesse vers notre Père Céleste, en nous montrant Jésus. Il le fait à travers le modèle de sa propre vie, de son amour pour nous, de sa capacité de souffrir pour nous, mais il ne cesse de combattre nos faiblesses afin que nous devenions forts par notre persévérance et notre foi.
Seul un vrai père peut aimer, protéger ses enfants, et c’est parce qu’il les aime, qu’il les corrige ! (Hébreu 12)Voilà la vraie couverture apostolique.
Cependant, notons que la Bible n’emploie jamais le terme de couverture apostolique, ni même de couverture paternelle. La couverture cède la place au principe de paternité, et par conséquent il est question de douleurs de l’enfantement. Ceci signifie que sans le modèle d’un vrai père spirituel qui croise notre vie pour être capable de nous enfanter dans la douleur, nous pourrons bien difficilement connaître le Père Céleste. Bien que sauvés, nous garderons une mentalité d’orphelins et nous ne pourrons que très difficilement atteindre la connaissance du Père, de notre vivant sur Terre !
Or, si la Bible emploie le terme de couverture seulement pour parler de l’amour parfait, (or, il n’y a d’amour parfait que dans le don total de sa vie !), c’est parce qu’elle met en avant la nécessité de s’aimer les uns les autres comme nous avons été aimés, avant de chercher une hypothétique « couverture » pour légitimer notre ministère et notre autorité.
Nous avons donc vu dans cette étude qu’il est indispensable que nous puissions croître dans la connaissance de la vérité, sous la conduite d’un père spirituel.
De plus, nous aurons toujours besoin du modèle des pères dans l’Eglise, pour porter sur nos ministères la vigilance fraternelle dont nous aurons constamment besoin. Mais cette vigilance peut aussi s’exercer par une équipe apostolique ou des réseaux de ministères qui manifestent le cœur du Père, à travers l’unité et la soumission qu’ils expriment, les uns envers les autres. Mais …y a-t-il beaucoup de vrais pères dans l’Eglise aujourd’hui ? La réponse est douloureuse ! Toute notre société est en manque de vrais pères, et l’Eglise n’y échappe pas !
Nous poursuivrons cette réflexion dans le prochain article. Et nous n’éviterons pas d’aborder la fausse paternité spirituelle, et par conséquent les fausses alliances qui entraînent de fausses couvertures dans les églises.
Puis nous verrons comment dans ces temps de crise qui mettent à l’épreuve ce qui vient ou non du Seigneur, comment, le Seigneur agit aujourd’hui pour tisser des liens authentiques entre les ministères, les églises, dans la proximité de son Retour en Gloire.
Son Retour est proche, Il prépare son Epouse pour se glorifier sur la Terre et la « couvrir » de Son amour et de Sa justice !
Pierre-Daniel MARTIN