Le non pardon – Pierre-Daniel Martin

Beaucoup de chrétiens s’attristent de ne pas progresser spirituellement, comme ils le souhaiteraient. Ils pensent parfois que cela vient de Dieu, mais quand ils prennent connaissance de la Parole ils savent alors que les barrières viennent toujours de l’homme et comprennent qu’ils ont à enlever les blocages qui les empêchent de grandir. Il leur faut reconnaître que des barrières spirituelles bloquent leur croissance spirituelle, comme si quelque chose les retenait, les empêchant d’avoir la joie, la satisfaction, la paix complète qu’ils attendent.

Ecoutons Matthieu 18 :18-19

« En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

« En vérité, je vous dis encore ; si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quoi que ce soit, cela leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux. »

Dans ces deux versets, nous avons ici la cellule du corps de l’Eglise : deux ou trois croyants conduits ensemble par le Saint Esprit dans le Nom de Jésus. Le point de rencontre est le Nom de Jésus et celui qui fait le lien est le Saint Esprit.

Au niveau physique, si une cellule ne fonctionne pas correctement, le reste du corps en souffre. Cela s’applique aussi pour le Corps du Christ, l’Eglise. Si une cellule locale est souffrante, tout le reste du corps en subit les effets, et ne peut donc pas être en bonne santé.

Dans cette cellule de vie, est contenu tout le germe de la vie de l’Eglise, c’est le cœur et la source de toute puissance. « …Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quoi que ce soit, cela leur sera donné par mon Père qui est dans les cieux. »

De quoi avons-nous besoin de plus ? Toute la puissance est contenue dans l’application de ce verset. Cela signifie que la promesse de la puissance est comme « protégée » par une condition qui est posée, à savoir, la relation qui doit exister avec Dieu puis avec les hommes.

Juste dans les versets 15 à 17, qui précèdent nos deux versets, Jésus explique ce qu’il faut faire si votre frère vous a offensé. Et juste après la promesse, aux versets 23 à 35, Jésus continue en donnant la parabole du serviteur impitoyable, nous avertissant des terribles conséquences si nous ne pardonnons pas à un autre croyant qui nous aura offensé.

Autrement dit, nos deux versets 18 et 19 qui contiennent la promesse de la puissance, sont entourés par des versets qui exigent « les bonnes relations » avec Dieu et les hommes.

Au verset 19 de Matthieu 18, il est écrit :…si deux d’entre vous s’accordent. Le mot grec est le même mot qui donne en français le mot symphonie. Ce sont donc deux personnes qui s’entendent et se trouvent en harmonie, en accord ensemble. Pour une symphonie, il faut une partition et un chef d’orchestre. Or, dans le monde spirituel, si vous voulez avoir une symphonie, vous devez avoir les mêmes choses. La partition, est la volonté de Dieu; le chef d’orchestre est le Saint Esprit. Quand deux personnes sont ensemble « en symphonie », dans un même esprit, s’accordant sur la volonté de Dieu qui est révélée par le Saint Esprit, tout ce dont ils ont besoin devient accessible. Si la promesse devient réelle, vous devez cependant remplir les conditions.

Est-il bon de rappeler que l’Eglise, qui est le Corps de Christ, n’est pas une institution terrestre, même si les chrétiens se sont sentis obligés de produire une sorte d’organisation institutionnelle dans laquelle ils se sont liés eux-mêmes pour accomplir l’unité. Bien souvent, dans une même structure religieuse, ils ont des opinions totalement opposées dans bien des domaines, que ce soit en politique, dans le domaine culturel, social, intellectuel etc. En vérité, ces organisations n’ont nullement produit l’unité que Dieu désirait pour le Corps de Jésus-Christ.

En fait, le Corps de Jésus-Christ ne peut pas être représenté par une organisation telle que nous la connaissons dans la vie séculière. Mais maintes et maintes fois, les chrétiens ont tenté de « légitimer » l’Eglise, en essayant de faire quelque chose de visible et de tangible de ce qui au départ est de nature spirituelle. Ils ont essayé de produire une organisation, une union, un lien unificateur qui remplacerait l’unité appropriée et les relations du Corps du Christ. Cela aboutit toujours à un échec, à de fausses alliances et à bien des frustrations. L’unité que Jésus attend de ses disciples n’est donc pas formelle ni externe.

Il m’est souvent arrivé de demander à des personnes, à la fin d’une réunion d’édification, si dans leur cœur, elles gardent un non pardon ou du ressentiment à l’égard d’une autre personne. La majorité d’entre elles le reconnaissent et la plupart du temps elles acceptent de régler cela personnellement, ce qui est une excellente chose.

Cependant, je suis toujours surpris que ces personnes ne soient jamais conscientes de leurs mauvaises relations. Pourquoi donc ne voient-elles pas le non pardon ou le ressentiment qui sommeille au fond de leur coeur ? Pourquoi un tel aveuglement ?

Parce qu’elles ont permis à un substitut externe de les tromper et ainsi, elles se sont détournées de la réalité intérieure. Que peut donc être ce substitut externe ? Leur crainte et leur émotivité, l’humiliation du « qu’en dira t’on », les conséquences négatives de l’offense etc. Or, si nous regardions à la condition interne du Corps de Christ aujourd’hui, nous serions choqués de ce que nous verrions. C’est pourquoi, nous devons toujours veiller à notre communion intime avec le Seigneur, et à la lumière de Sa Parole, savoir le consulter pour tous les évènements de notre vie.

Nous devons d’abord nous demander quelle est la vraie nature et la source de notre unité ? La réponse nous est donnée dans l’Epître aux Ephésiens et aux Colossiens.

– Dans Eph.4 :16 Paul nous parle de Christ comme la tête du corps : « C’est par lui que le corps tout entier, bien coordonné et uni grâce à toutes les jointures qui le desservent, met en œuvre sa croissance dans la mesure qui convient à chaque partie, pour s’édifier lui-même dans l’amour »

Dans Col.2 :19, Paul nous parle de Christ comme la tête « par laquelle tout le corps, bien uni grâce aux jointures et aux articulations qui le desservent, grandit d’une croissance qui vient de Dieu. »

Pour Paul, deux choses unissent les membres du corps : les jointures et les articulations. Comme les jointures et les articulations dans le corps physique maintiennent les membres ensemble, il en va de même pour les membres spirituels du corps de Christ.

Quelles sont donc ces jointures et ces articulations ?

Les jointures sont les relations entre les membres du corps, et les articulations sont les attitudes et comportements que les membres entretiennent entre eux.

Il nous faut bien comprendre que pour être efficace, il ne suffit pas que nous soyons stable dans notre vie spirituelle individuelle. Nos relations avec nos frères et sœurs en Christ sont les jointures qui nous font appartenir au corps du Christ. A moins que vos relations avec les autres ne soient bonnes, vous ne pourrez pas être un membre efficace du corps du Christ.

Dans Eph.4 :3, Paul expose ceci : « …l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » Les mots articulations et lien signifient la même chose. En Col.3 :14, Paul parle de … « l’amour, qui est le lien de la perfection », ce qui permet de garder le corps tout entier, parfaitement assemblé.

Nous sommes donc parfaitement assemblés comme un tout, par l’attitude de paix et d’amour que nous avons les uns à l’égard des autres. Inversement, quand le lien de la paix et l’amour disparaissent au milieu des frères, le fonctionnement normal du corps est totalement anéanti. Tant que nous restons en mauvais termes avec nos amis chrétiens, le corps ne peut fonctionner, et nous ne pouvons pas non plus recevoir ce dont nous-mêmes, nous avons besoin ! Non seulement nous empêchons les autres de rentrer dans la bénédiction, mais nous nous en privons nous-mêmes. D’après mon expérience, j’évalue à plus de la moitié des chrétiens, ceux qui ont des mauvaises relations avec leurs frères en Christ quelle que soit la confession de leur église. Dans ce cas, toute manifestation de puissance du St Esprit est vaine, toute efficacité de la parole prêchée, l’est tout autant, et toute demande d’exaucement de prière publique est inutile !

Revenons à la parabole du Serviteur Impitoyable aux versets 23 à 35 de Matt.18. Les derniers versets du chapitre nous indiquent avec certitude que Jésus S’adresse aux chrétiens.

Le premier serviteur de la parabole devait 10 000 talents, ce qui était une somme énorme. Ne pouvant payer, il devait être jeté en prison. Il sollicita la pitié de son maître, qui généreusement lui pardonna toute sa dette. Comme il sortait, il rencontra un compagnon qui lui devait une somme dérisoire, mais il n’eut pas pitié de lui, et le fit mettre en prison. Ceux qui virent la scène, le répétèrent à son maître qui indigné, le fit mettre en prison à son tour.

Cette parabole nous rappelle que si Jésus, par amour pour nous, a accepté de payer la dette énorme de nos péchés, en mourrant à la Croix, pour notre rédemption, nous aussi, nous devons remettre les offenses que nous subissons et qui restent cependant minimes en comparaison avec le prix que Jésus paya pour nous. En refusant de pardonner l’offense de mon frère, non seulement vous vous comportez comme si la vie de Christ n’était pas en vous, mais encore, comme s’il n’était pas mort pour remettre aussi la dette de votre frère. Ainsi, vous vous laissez abuser, et même aveugler par vos sentiments et votre opinion sur l’affaire, en ignorant combien le lien de la paix et l’amour sont indispensable à la vie même de Christ et de ses disciples, car ils appartiennent à la nature même de Dieu. Nous pouvons donc vivre ici-bas la communion fraternelle dans une vraie relation de cœur, parce que, en Christ, nous sommes unis au Père, et ainsi, nous libérons la compassion du Père et sa puissance à notre égard. Le lien de la paix et l’amour sont les véritables articulations du corps de Christ tout entier, permettant au Royaume de Dieu de se manifester et de croître au milieu des hommes, au Retour triomphal de Christ sur la terre. L’année 2006 est une année décisive dans ce domaine, car le Seigneur éprouve les siens, par notre désire de maintenir ce lien de la paix, ainsi que l’amour que nous sommes appelés à vivre ensemble dans le corps du Christ, car par cette attitude, nous participons aux oeuvres que le Saint Esprit va manifester au milieu des chrétiens, dans les temps qui vont venir.

Veillons donc sur notre comportement vis à vis de nos frères et sœurs dans la foi, dans la crainte de Dieu et avec humilité et simplicité de coeur, acceptons de se laisser reprendre par nos frères, sans broncher, dans notre quête constante du Royaume de Dieu et de Sa Justice.

L’année 2006 est l’année de la relation à son prochain, et c’est au travers des évènements de cette année que le Seigneur vous appelle à demeurer en paix et dans Son amour. Demeurez-y !

Pierre-Daniel MARTIN

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